Depuis quelques années les attaques et les actions des "anticorridas" sont plus nombreuses plus insidieuses et parfois violentes et bénéficient de soutiens très médiatiques.
Même si ces actions, parfois très virulentes, ne sont pas prêtes d'aboutir en France, il n'en demeure pas moins que les aficionados doivent réagir et doivent avoir la liberté d'assister aux spectacles taurins.
Si un jour cet abolitionnisme atteignait la corrida il est certain qu'alors les prochaines victimes seraient la course camarguaise, les abrivados et tous les spectacles taurins.
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Assemblée Nationale
Séance du 11.03.2025
Objet: Assurances des manadiers
M. le président:
La parole est à M. Charles Alloncle, pour exposer sa question, no 236, relative aux assurances des manadiers.
M. Charles Alloncle:
Madame la ministre, savez-vous ce qu’est un manadier ? Savez-vous ce que signifie vouer une vie entière à sa terre, à ses bêtes, à cette rugosité du réel qui forge les âmes enracinées ? Chez moi, aux portes de la Camargue, entre le Vidourle et les derniers remparts de la garrigue, dans ces plaines que le vent balaie et que le sel imprègne, certains veillent depuis des générations à l’élevage du taureau camarguais.
Chez moi, le taureau est bien plus qu’un animal : il est le caractère de nos terres sauvages, le maître de nos paysages, le lien qui unit nos villages. Des Saintes-Maries-de-la-Mer à Mauguio, il dicte la cadence de nos fêtes votives, porte la clameur de nos arènes et la gaieté de nos rues lorsqu’une fois l’été venu, elles s’animent au rythme des abrivados et courses camarguaises. Chez moi, les clochers veillent sur cette culture indomptable qui, depuis des décennies, défie l’uniformisation imposée par la mondialisation.
Pourtant, pour la première fois, ce monde vacille, cette tradition séculaire menace de disparaître – non sous le poids du temps ni de l’indifférence des hommes, mais sous l’injustice d’une nouvelle absurdité administrative. À cause d’un système de responsabilité inique, Groupama, l’un des derniers assureurs à encore couvrir nos manadiers, a annoncé son retrait pour 2026.
La raison ? Lorsqu’un spectateur prend des risques inconsidérés au mépris des règles de sécurité, c’est le manadier qui paye ; c’est lui que l’on tient pour responsable, lui que l’on accuse et que l’on asphyxie sous le poids d’un droit dévoyé.
Madame la ministre, il est temps de remettre la loi à l’endroit. Les manadiers ont déjà montré la voie : ils ont établi une charte qui n’attend plus que la signature des préfets. Nous, députés, prenons aussi nos responsabilités ! Après avoir rencontré Groupama au Salon de l’agriculture, nous déposerons, avec mes collègues Nicolas Meizonnet et Emmanuel Taché de la Pagerie, une proposition de loi pour inverser ce régime de responsabilité.
Car, en vérité, ce qui est en jeu ici dépasse de loin le sort d’un secteur ou d’une simple économie. Ce qui est en jeu, c’est une culture, un héritage et une certaine idée de la liberté ; ce sont ces images que nous voulons continuer de transmettre : le galop des bêtes sous un ciel dégagé, la silhouette des gardians au soleil couchant, le rire des enfants devant l’adresse des cavaliers qu’ils voudront un jour égaler.
Madame la ministre, la France est belle quand elle est fière de ses racines et qu’elle les protège. Alors serez-vous avec nous ? Serez-vous avec nous pour défendre la bouvine, la fé di bioù, ces rites qui font l’identité d’un pays, le caractère de ses terres et l’âme de son peuple ?
M. le président:
La parole est à Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche:
Je réponds pour le compte de ma collègue Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire. Comme vous, je veux souligner le caractère emblématique des manades, ces élevages de taureaux qui émaillent les paysages du Gard, des Bouches-du-Rhône et de l’Hérault. Ils incarnent l’âme de la tradition camarguaise de la bouvine et constituent une part de l’identité de nos territoires.
Vous avez souhaité appeler l’attention du gouvernement sur la situation des manadiers, qui rencontrent des difficultés à s’assurer dans le secteur privé. Comme vous le savez, la souscription de contrats d’assurance relève de la liberté contractuelle reconnue aux assurés et aux assureurs, ces derniers restant libres de déterminer leur propre politique commerciale.
La tarification d’une garantie assurantielle est construite en fonction de l’évaluation du risque, de sa probabilité de survenance et de l’intensité du dommage potentiel. Aussi toute recrudescence d’un risque se traduit-elle par une hausse de la prime correspondante.
Quand la probabilité de survenance devient si élevée que l’aléa disparaît, les entreprises d’assurance, soucieuses de commercialiser leurs produits, peuvent choisir de ne pas proposer de garantie assurantielle, considérant qu’elle serait trop coûteuse pour les assurés éventuels.
À cet égard, les efforts entrepris par les manadiers, notamment au niveau de leur fédération, pour réduire les risques liés à la profession doivent être salués car ils sont de nature à réduire la sinistralité ; ils permettront aux assureurs de rester sur ce marché et de proposer des offres acceptables. Une telle démarche devrait porter ses fruits, entraînant des effets bénéfiques à long terme sur la souscription et la tarification des assurances couvrant les manades.
Si les pouvoirs publics n’ont pas d’influence directe sur les politiques commerciales des organismes d’assurance, je peux vous assurer que le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire se montre très attentif aux préoccupations des manadiers en la matière.
M. le président:
La parole est à M. Charles Alloncle.
M. Charles Alloncle:
Merci, madame la ministre. La mesure la plus concrète que nous demandons porte sur le régime de responsabilité. Dans les prochaines semaines, les groupes UDR et RN déposeront une proposition de loi visant à l’inverser afin de rétablir un peu de bon sens dans le traitement des sinistres que subissent les manadiers.
Nous attendons du bloc central et des autres groupes qu’ils soutiennent cette proposition de loi, que nous souhaiterions transpartisane. Je pense que nous pouvons réunir une majorité en sa faveur ; nous aurons besoin de vous, comme de Mme la ministre de l’agriculture, pour soutenir nos manadiers, plus que jamais en difficulté.
Lettre à Florence Delay (1941-2025), sur sa « fausse afición » par François Zumbiehl
Chère Florence,
J’ai d’abord été surpris par cette ombre de conscience malheureuse dans votre « confession torera ». Cela ne s’accordait pas avec votre adhésion sans faille, dans les pas de votre maître Bergamín, à cet art de légèreté, de grâce et d’intelligence, dont rien ne devrait obscurcir les lumières. Et puis, comme pour beaucoup d’entre nous, les taureaux, qui vous ont accompagnée toute votre vie, y sont entrés le plus naturellement du monde, par l’enfance. Depuis la maison bayonnaise de votre grand-père, sur les allées Paulmy, vous avez vécu l’effervescence de l’avant-corrida, et d’après elle imaginé les prouesses qui se déroulaient à l’intérieur des arènes voisines, dans lesquelles vous n’étiez pas encore admise. Or, vous le savez bien désormais, ce moment où l’on rêve et espère ce que l’on n’a pas encore vu est peut-être ce qu’il y a de plus précieux et de moins contestable dans l’itinéraire de l’afición. Il en va de même de toute passion amoureuse.
Mais,- vous sentez-vous obligée d’avouer-, comme pour regretter la perte de virginité de votre regard, dans votre adolescence la tauromachie s’est dévoilée à vous par un poème de deuil, Les lamentations pour Ignacio Sánchez Mejías de Federico Garcia Lorca, et votre première corrida fut avec le taureau Gorondo et l’infortuné Caracho, dans le roman de Ramón Gómez de la Serna. Ces œuvres vous ont à jamais marquée, mais elles ont par ricochet provoqué chez vous une tension presque permanente qui vous a fait considérer avec beaucoup de circonspection l’intrusion de la littérature dans l’arène, ou plutôt du vocable que l’on met entre guillemets lorsque les mots, et plus encore l’emphase, s’utilisent comme des fards et plaquent leur flou artistique sur une réalité d’autant plus parlante qu’on sait la voir dans sa nudité.
La corrida – dites-vous – ne se prête pas à l’imagination et à la rêverie, à ce qu’on assimile trop souvent à la chose littéraire ; au contraire, toute son entreprise est de rendre tangible ce qu’elle convoque dans son spectacle.
Cette réalité, vous y avez enfin accédé en 1959, au cours du fameux mano a mano bayonnais entre Ordoñez et Dominguín. Elle vous a d’abord interloquée par défaut de références et de bagage technique, mais vous avez été saisie par l’essentiel : le temple d’Ordoñez et son effet apaisant sur le taureau et sur votre anxiété. Il vous a fallu, cependant, vous habituer à attraper au vol, avant qu’elles ne s’effacent, les multiples étincelles d’un art à nul autre pareil, qui est avant tout et à la lettre, comme vous le rappelez, un art de la pointe (les piques, les banderilles, l’estoc), où l’effet doit être atteint à coup sûr, avec le minimum de tergiversation. Vous avez repris à votre compte l’éloge que Bergamín décerne à l’agilité, à la grâce efficace, et son aversion pour la lourdeur tâtonnante et la morosité de ceux qui toréent à l’ombre toujours plus allongée de la mort. Tout aussi prestement, vous avez découvert que l’écriture était appelée à se mettre en consonance, et qu’elle pouvait être aussi, comme le suggérait votre cher Balthasar Gracian, un art de la pointe. Il n’y avait plus qu’à se promettre de décrire les choses de l’arène, et toutes les autres, avec le talent et le style dont font preuve les hommes habillés de lumières : « Quand je serai écrivain, je le serai comme il [Bergamín] dit qu’on doit toréer : vivement ! Avec joie, exactitude, rapidité. » Vos récits taurins, par exemple dans Riche et légère, témoignent de cette adéquation entre la perception précise et le raccourci de l’expression, et laissent délibérément de côté tout lyrisme et détail inutiles. Un moment culminant de Paquirri ou un fiasco de Curro Romero se disent, pour ainsi dire, en une demi-phrase, à l’éloquence aussi dense et suspendue qu’une demi-véronique. Et d’emblée ils livrent ce qu’ils ont de plus signifiant ou, si l’on préfère, la réalité et le sens se livrent dans le même élan, et c’est ce dernier qui prend le dessus. Reprenons votre évocation de la faena de Paquirri :
« Paquirri mesurait au plus étroit la distance entre lui et cet abrégé des forces de la terre qui lui était envoyé par contrat ou par destinée. Il lui désignait son parcours et devenu pur esprit, donc introuvable, ne se manifestait plus qu’à travers le signe rouge de la muleta, passant quasi magiquement de la gauche à la droite de l’habit de lumière…L’épée s’enfonça jusqu’à la garde dans le corps qui roula comme une pelote. L’arène entière se leva et dans un tonnerre d’applaudissements se délivra de l’éternité. »
De même, en un tournemain sous votre plume, le Cordobés élimine les distances entre les registres classique et burlesque, suscite dans le public une onde d’intense jubilation et dégage pêle-mêle dans sa prestation le charlatanisme et la vérité : « Gai, content, ivre, il entrait en transe burlesque et l’arène s’enivrait de voir un homme perdre la raison au point d’oublier qu’il risquait sa vie. Mais à l’instant ultime il cessa d’être Matamore et, dans un éclair de lucidité, il plongea mortellement l’épée. »
Les experts pourront l’attester, on ne saurait jamais vous prendre en flagrant délit d’impropriété dans ces évocations tauromachiques. Pourtant, vous vous interdisez de vous laisser enfermer dans le carcan de la terminologie technicienne, si particulière aux initiés, ou à ceux qui prétendent l’être. Vous en dénoncez avec raison le caractère réducteur dans votre préface à votre traduction de La solitude sonore de Bergamín. Car la tauromachie est une fenêtre directement ouverte sur notre monde essentiel –la vie, la mort, la peur, la violence et la beauté -, ce monde qui s’offre de plain-pied au regard des enfants et des poètes, et il serait dommage de ne l’envisager que par la lucarne du « mundillo ». À ces mots-écrans ou verrous, vous préférez les mots du langage usuel qui conservent toute la fraîcheur de leur sens. Vous maintenez le taureau dans son orthographe française, et vous n’hésitez pas à convertir les suertes en phases, la muleta en bâtonnet au drap rouge, le tercio en mouvement, et la faena, selon les cas, en travail ou en suite au drap rouge, en exploitant l’aubaine d’une concomitance avec les termes musicaux.
Oui, chère Florence, s’il en était besoin, vous devez être rassurée. Votre regard sur l’arène est juste et acéré, et laisse se dégager l’émotion liée à ce que vous relatez, sans qu’il y ait nécessité de l’assaisonner avec du « sentiment ». Mais, en littérature comme en tauromachie, le jeu et la prestidigitation – terme qui s’apparente au birlibirloque de Bergamín – servent à la construction de la vérité. À cet égard le souvenir de Ramón Gómez de la Serna et de ses greguerías vous a incitée à forger vos propres instruments – trastos en langage taurin -, que vous maniez allègrement dans un ouvrage des plus enlevés, Œillet rouge sur le sable, qui égrène pourtant le chapelet des toreros saisis par la mort dans l’arène. Les assonances et les calembours vous servent pour en estomper, à la manière torera, le tragique, mais aussi pour installer de troublantes coïncidences entre ces fins, enchaînées les unes aux autres, derrière lesquelles se laisse entrevoir le fil presque imperceptible du destin : « …Pocapena [nom du taureau de Veragua] …eut peu de peine, vraiment, à prendre ce beau petit paquet de linge…lui enfonçant si profondément la corne dans l’orbite droite que l’œil sortit avant l’âme qui courut après…Avispado, l’Éveillé avisa par deux fois le matador Paquirri qu’il était collant. »
Il vous arrive aussi de revisiter les expressions taurines, de les transposer, afin d’augmenter le poids de leur prémonition : « Manolo s’est-il arrêté une seconde de trop dans le berceau [c’est moi qui souligne] des cornes ?...Ainsi bercé l’homme s’endort du grand sommeil. » Et lorsque vous évoquez la mort d’Ignacio Sánchez Mejías, rencontrée pour la première fois par le poème de Lorca, et retrouvée par le récit de Bergamín, vous fermez ce chapitre, après le don du sang tardif et inutile de Pepe Bienvenida – matador et surtout grandissime banderillero, de même qu’Ignacio – par cette interrogation : « Du balcon des cornes voit-on l’éternel ? » Comment se retenir de penser que vous avez en tête cette superbe expression taurine, qui traduit le mouvement du torero laissant venir le taureau au plus près, en levant haut les bras avant de clouer au dernier instant, comme au bord de l’abîme, ses bâtonnets : « se pencher au balcon » ?
Au rebours, tout ce qui se passe pour de vrai dans la corrida range parfois les métaphores littéraires au rayon des accessoires postiches, en donnant de la chair aux mots et aux images. C’est ce que vous découvrez en apprenant, le matin de la course bayonnaise de clôture, où il devait vous dédier un taureau, que José Cubero el Yiyo a été tué, « le cœur transpercé par la corne de Burlero ». Du même coup, dans ce récit de votre postface à La tauromachie art et littérature, vous vous sentez entraînée à votre corps défendant dans la chaîne du destin :
« Que vaut alors une image telle que : mon cœur fut transpercé ? L’espace toujours fragile entre le réel et sa métaphore se déchira. S’y engouffra l’idée folle qu’en qualifiant aujourd’hui d’irréel j’avais contribué au réel mortel.
Reste cette tension que vous vivez tout au long de vos récits et commentaires taurins, car elle structure l’art du toreo contemporain, entre le temps qu’il faut savoir gagner de vitesse et celui qu’il convient d’étirer, entre le factuel et le visible que la corrida célèbre, et ce qui émerge de l’ombre quand « les bras du torero – en l’occurrence Rafael de Paula – s’endorment », ou « qu’il oublie son corps ». Dans votre Séduction brève vous rappelez que la montre figure dans la main gauche de Pepe Hillo, l’auteur du premier traité tauromachique, l’épée et la muleta étant tenues de la main droite ; vous faites valoir que toutes les qualités morales et physiques exigibles d’un artiste de l’arène, à commencer par l’agilité, sont liées au temps ; que cet art doit être « ultra-rapide », parce que la dispute entre la vie et la mort se joue en un éclair – par exemple au moment de l’estocade – et qu’un espace infinitésimal les sépare. Vous ne savez que trop les conséquences fatales des « effusions prolongées » pour tel matador qui tarda à s’en défaire, et Bergamín vous a appris que la mort même est d’autant plus exécrable qu’elle se « fait paresseuse et lente ». Le sort du grand Belmonte, alourdi par l’âge, obligé, après l’avoir esquivée tant de fois dans l’arène, de la forcer à le prendre enfin, vous inspire cette lamentation : « Malheureux ceux qui précèdent leur mort et ceux qui l’attendent ou qu’elle fait attendre deux heures, deux jours, deux mois, des années. »
Du coup, et de même que l’auteur de L’art de birlibirloque, vous n’aimez pas que la lenteur envahisse aussi le terrain de l’esthétique. Vous répugnez à tout ce qui y devient pesant, insistant, à tout ce qui retarde l’effet recherché, fussent les envolées de la cape caressantes. Car « cet art – expliquez-vous - …ne souffre pas plus la peur que la pose ou l’artifice, pas plus la rêverie que la tristesse ou la morosité, sentiments lents qui font perdre du temps. »
Mais voilà que la littérature et la réalité taurine se rejoignent et donnent chair ensemble, un beau jour de 1981, en cette miraculeuse corrida du Corpus – la bien nommée – à la Maestranza de Séville, course que je ne me pardonnerai jamais d’avoir manquée, étant resté ce jour-là à Madrid pour une raison futile. Sous votre regard et celui de Bergamín, si l’on vous lit bien, le bras droit de Curro Romero et le poignet gauche de Rafael de Paula se sont mis à rêver. Ce temps suspendu ou « tué » par eux n’a pas seulement inspiré le chapitre Vision mémorable dans l’essai de Bergamín, La solitude sonore ; il a été pour vous deux un chemin de Damas, et votre conversion vous a fait voir ce dieu caché, le duende, dont seul Garcia Lorca a pu dessiner les contours. Il vous a surtout conduite à révéler dans La séduction brève la clé de l’entreprise impossible et toujours recommencée de l’art taurin : « Convertir un moment dans le temps…en instant éternel…par une mystérieuse transsubstantiation…Voir tuer le temps, avant qu’il ne nous tue, est cette minute de vérité dont nous allons écouter la musique dans le rond. »
Chère Florence, un peu pour battre votre coulpe, vous écrivez à la fin de votre postface que la fausse afición « tient un livre dans sa main gauche et fait ses naturelles de la main droite » Or, le 16 septembre dernier à Nîmes, au cours de cette autre course céleste, José Tomás vous a entendue et, sous vos yeux, a donné corps, le livre mis à part, à ce que vous teniez pour une vue de l’esprit. Il vous a par là-même définitivement confirmée – terme tauromachique ! – dans la « vraie afición ».
François Zumbiehl