Depuis quelques années les attaques et les actions des "anticorridas" sont plus nombreuses plus insidieuses et parfois violentes et bénéficient de soutiens très médiatiques.
Même si ces actions, parfois très virulentes, ne sont pas prêtes d'aboutir en France, il n'en demeure pas moins que les aficionados doivent réagir et doivent avoir la liberté d'assister aux spectacles taurins.
Si un jour cet abolitionnisme atteignait la corrida il est certain qu'alors les prochaines victimes seraient la course camarguaise, les abrivados et tous les spectacles taurins.

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Association de défense des tauromachies - Sommières

                  La Lutte contre la PPL 252

                 Le Triomphe des Territoires

La Sagesse de l'immense majorité des Parlementaires

Le 24 novembre 2022, confronté à une vive agitation dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale, le député LFI Aymeric Caron a décidé de retirer son funeste projet de loi, liberticide et écocide, d'interdition de la corrida.
Manifestation à Nîmes le 17 Septembre 2022

Ce 24 novembre 2022, à l'Assemblée Nationale, ceux qui voulaient se mettre en lumière en interdisant à quelques toros de mourir au soleil et contraindre les autres à disparaître à jamais dans l’ombre du matadero, ont été déboutés.

Continuera le cercle vertueux du spectacle taurin, où la dualité de l’homme et du toro, faite de défi pour l’un et de sauvagerie pour l’autre, les fait économiquement vivre, les rend écologiquement précieux.

Léa Vicens, lettre aux anti-corrida

                                   Article de Jean Le Gall, paru dans le journal l'Humanité, décembre 2022

Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, les groupes minoritaires à l’Assemblée nationale disposent d’une journée par mois au cours de laquelle ils décident seuls des textes à débattre à l’hémicycle. C’est ce qu’on appelle une « niche parlementaire ». Les oppositions trouvent l’occasion de présenter leurs priorités. Le 24 novembre, c’est au tour des députés insoumis de profiter de ce moment d’initiative législative. A la surprise générale, ils ont décidé de retirer de l’ordre du jour le projet de loi portant le salaire minimum à 1.600 euros net. Pourquoi cette dérogation ? Pour donner plus de visibilité à une autre de leurs propositions, celle-ci visait… l’« abolition » de la tauromachie.

D’où cette question : le combat social est-il devenu si accessoire à gauche qu’il puisse être sacrifié au profit d’une polémique, d’une contestation aussi ancienne que caricaturale ? Passons sur le fait que l’homme à l’origine de ce texte, M. Aymeric Caron, est député FI du 18ème arrondissement de Paris et qu’il semble discutable que les corridas soient l’urgence des habitants de la porte de la Chapelle. Passons également sur l’argument principal de la loi, à savoir la protection des animaux, dans la mesure où seuls les partisans de ce député semblent ignorer que la survie du « taureau de combat » dépend de la tauromachie – tout comme ils semblent négliger que les animaux concernés vivent dans des conditions très enviables à l’ère de l’agriculture intensive. Passons enfin au mépris en bande organisée qui permet d’évoquer sans complexe l’hypothèse de départements français en partie peuplés de « barbares ».

L’archaïsme de ces points de vue (sur la province, sur le Sud, sur le peuple) se parant de modernité, il a semblé à certains que la cause des taureaux l’emportait sur celle des ouvriers. Que le bien-être animal l’emporte sur le bien-être social. Et même cet anti-spécisme, qui définit l’humanisme comme un « suprémacisme » (!), pourrait s’accorder avec une notion plus large de progrès. C’est l’honneur de plusieurs élus du PS et du Parti communiste de ne pas avoir validé ce nouvel ordre des choses.

Dans ce pays, décidément, les difficultés que connaissent les « bas salaires » restent insoupçonnées. Cependant, le niveau d’alerte a été atteint. Et le déclassement de certaines catégories confirmé par tous les instituts. Ouvriers, agents d’entretien touchent le Smic avec vingt-cinq ans d’ancienneté. En 2022, 65 % des Français voient au moins une personne en situation de pauvreté – un bond de 10 points par rapport à 2021. Quant à l’écart de revenu entre les mieux payés et les moins bien traités, il augmente (beaucoup) plus vite que les températures. Enfin, d’un point de vue sociologique, les succès du hard-discount, des bons de réduction et l’explosion de toute une « économie du bricolage » devraient alerter ces élus en lévitation qui ont succombé au mythe de l’hédonisme urbain et du vélo pliant. à 1 500 euros. Certes, il serait idiot de résumer les moyens politiques à l’ancien levier du salaire minimum. Cela au moins se discute, se débat. Idéalement à l’Assemblée nationale ? Indispensablement à l’Assemblée nationale !

Aussi la gauche au sens large ne saurait-elle plus dissimuler ce secret qui la mine, la divise et l’empêche : à savoir que les combats « infrasociétaux » nuisent à ses combats fondamentaux. Pensons-nous vraiment bouleverser les plans de l’économie néolibérale en nous éparpillant dans des causes qui lui conviennent tant ? Ignore-t-on encore que l’animalité s’entend à merveille avec la finance et les milliardaires ? Blâmer si frontalement les plaisirs populaires (comme la tauromachie peut l’être dans une poignée de régions) et abandonner la défense de ceux qui souffrent de l’inflation, de la désindustrialisation, de la précarité : n’est-ce pas le symbole remarquable d’une perte de repères politiques ?

Tel est le réel qu’il finit toujours par frapper à la porte (Lénine jugeait que « Les faits sont têtus »!). Pendant longtemps, les grands partis de gauche l’ont mieux compris que les autres. Le retour au concret prend aujourd’hui un caractère d’urgence. Elle consiste à replonger la politique dans son principe. Pour la gauche, cela revient à ne plus confondre le progrès avec une modernité morale ivre d’elle-même, insensible au projet de justice sociale.

Jean Le Gall Éditeur

N° 635  _____  ASSEMBLÉE NATIONALE  CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958  SEIZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 15 décembre 2022.  PROPOSITION DE LOI  visant à abolir la corrida : un petit pas pour l’animal, un grand pas pour l’humanité,

  (Renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.),  présentée par Mesdames et Messieurs  Aymeric CARON, Anne STAMBACH TERRENOIR, Bastien LACHAUD, Nadège ABOMANGOLI, Laurent ALEXANDRE, Gabriel AMARD, Ségolène AMIOT, Farida AMRANI, Rodrigo ARENAS, Christine ARRIGHI, Clémentine AUTAIN, Julien BAYOU, Ugo BERNALICIS, Christophe BEX, Carlos Martens BILONGO, Manuel BOMPARD, Idir BOUMERTIT, Louis BOYARD, Guy BRICOUT, Sylvain CARRIERE, Cyrielle CHATELAIN, Florian CHAUCHE, Sophia CHIKIROU, Hadrien CLOUET, Éric COQUEREL, Alexis CORBIERE, Jean François COULOMME, Catherine COUTURIER, Hendrik DAVI, Sébastien DELOGU, Alma DUFOUR, Karen ERODI, Martine ETIENNE, Emmanuel FERNANDES, Sylvie FERRER, Caroline FIAT, Charles FOURNIER, Perceval GAILLARD, Marie Charlotte GARIN, Raquel GARRIDO, Clémence GUETTE, David GUIRAUD, Mathilde HIGNET, Hubert JULIEN LAFERRIÈRE, Rachel KEKE, Andy KERBRAT, Julie LAERNOES, Maxime LAISNEY, Arnaud LE GALL, Antoine LEAUMENT, Élise LEBOUCHER, Charlotte LEDUC, Jérôme LEGRAVE, Sarah LEGRAIN, Murielle LEPVRAUD, Benjamin LUCAS, Élisa MARTIN, Pascale MARTIN, William MARTINET, Frédéric MATHIEU, Damien MAUDET, Marianne MAXIMI, Manon MEUNIER, Jean Philippe NILOR, Danièle OBONO, Nathalie OZIOL, Mathilde PANOT, Francesca PASQUINI, Sébastien PEYTAVIE, François PIQUEMAL, Marie POCHON, Thomas PORTES, Loïc PRUD’HOMME, Adrien QUATENNENS, Jean Hugues RATENON, Jean Claude RAUX, Sandra REGOL, Sébastien ROME, Sandrine ROUSSEAU, François RUFFIN, Aurélien SAINTOUL, Michel SALA, Eva SAS, Sabrina SEBAIHI, Danielle SIMONNET, Ersilia SOUDAIS, Bénédicte TAURINE, Andrée TAURINYA, Matthias TAVEL, Nicolas THIERRY, Aurélie TROUVE, Paul VANNIER, Léo WALTER.  députés. 

– 1 –  EXPOSÉ DES MOTIFS  MESDAMES, MESSIEURS,  « Sentir le sable  Sous ma tête, c’est fou comme ça peut faire du bien  J’ai prié pour que tout s’arrête  Andalousie, je me souviens     Je les entends rire comme je râle et je les vois  Danser comme je succombe  Je pensais pas qu’on puisse autant  S’amuser autour d’une tombe     Est ce que ce monde est sérieux ? »     Francis Cabrel, La corrida, 1994     *  *     *

« La corrida davantage qu’un spectacle est un art », estimaient en 2019 une quarantaine de personnalités françaises de la culture, dans une tribune inquiète de l’interdiction possible des corridas aux mineurs.
  L’argument est bien connu : dans l’arène se jouerait un spectacle, celui de la vie contre la mort, de l’homme contre la bête, du civilisé contre le sauvage, de la culture contre la nature, de tout ce que vous voulez d’ailleurs, et ce spectacle serait plus ou moins beau selon les acteurs du jour. Parmi eux le torero, l’endimanché bourreau, et le taureau, partenaire obligé d’un combat truqué dont on lui demandera de sortir vaincu, mais brave. Oui, c’est ainsi : il est exigé de l’animal sacrifié qu’il meure bien. Sinon il sera moqué, méprisé, et critiqué de n’avoir pas su être à la hauteur du spectacle de la vie contre la mort, de l’homme contre la bête ou de la culture contre la nature.  La corrida, un art ? Ceux qui l’affirment se fourvoient.

L’art, le vrai, génère des œuvres où l’imagination et la technique servent la part la plus habile de l’âme humaine. Parmi elles on compte la chanson de Francis Cabrel qui décrit l’incompréhension, la lutte et les souffrances d’un taureau qui vit ses derniers instants dans l’arène. « Je ne pensais pas qu’on puisse autant s’amuser autour d’une tombe », s’étonne t il avant d’expirer, nous laissant seuls face à cette vérité inversée : les rôles ont été mal distribués, et le sauvage n’est pas celui qui avait été désigné comme tel. L’art de Cabrel repose ici sur des mots et des notes composant un tableau qui déchire les esprits. L’œuvre transperce, mais elle ne tue personne, et ce n’est pas un détail. Car si l’art n’a pas à être moral, il ne peut reposer sur un acte immoral réprouvé par la loi. Or les sévices graves et les actes de cruauté sur un animal sont immoraux et réprouvés par la loi.

D’après l’article 521 1 du code pénal, de tels actes, s’ils sont par ailleurs suivis de la mort de l’animal, sont punis de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Qui oserait soutenir que les traitements infligés à un taureau pendant une corrida n’entrent pas dans cette catégorie ?  *  *     *  Une corrida dure deux heures. Elle comprend six combats de vingt minutes chacun, opposant un taureau à une équipe de plusieurs personnes. Chacun des combats se déroule en trois phases appelées « tercios ».

Au cours du premier tercio, les picadors à cheval utilisent une longue pique qui cisaille les muscles du cou et le ligament de la nuque pour empêcher le taureau de relever la tête. L’animal souffre, évidemment, et saigne, ce qui l’affaiblit. Il commence aussi à perdre tous ses repères, ce qui le rend d’autant plus vulnérable.

Le deuxième tercio est celui où six banderilles, des bâtons terminés par un harpon en acier de plusieurs centimètres de long, sont plantées dans le garrot de l’animal, pour aggraver ses blessures. Ces banderilles provoquent des saignements intenses accrus par les déplacements brusques et saccadés du taureau, stimulé par le jeu de cape du torero.

  Le troisième tercio est celui de la mise à mort qui commence par l’estocade au cours de laquelle une épée transperce le corps de l’animal jusqu’à la cage thoracique, saccageant nerfs et organes. Il est très rare que le matador tue le taureau au premier coup d’épée. Il s’y reprend donc à plusieurs fois, et utilise même un deuxième type d’épée qu’il plante cette fois dans la nuque. Le coup de grâce est ensuite donné par un poignard planté derrière le crâne pour atteindre le bulbe rachidien. Là encore, ce coup peut être répété plusieurs fois.

En trophées, le matador recevra une ou deux oreilles coupées, voire la queue du taureau massacré.  Tout cela relève t il de l’art ou de la torture ?  *  *     *  L’ordre national des vétérinaires a tranché. En 2016 il affirmait :  « Dans les spectacles taurins sanglants, la douleur infligée aux animaux n’est pas contestée. Dans la pratique de la corrida, c’est précisément cette douleur qui augmente les réactions défensives des animaux, leur stress psychologique et physique et donc leur agressivité. Elle conditionne ainsi le succès du spectacle. La courte durée du spectacle (20 mn) et la sélection d’animaux agressifs et génétiquement prédisposés à combattre paraissent une atténuation peu significative de l’intensité des souffrances physiques forcément ressenties par les animaux.

  Les spectacles taurins sanglants, entraînant, par des plaies profondes sciemment provoquées, des souffrances animales foncièrement évitables et conduisant à la mise à mort d’animaux tenus dans un espaces clos et sans possibilité de fuite, dans le seul but d’un divertissement, ne sont aucunement compatibles avec le respect du bien être animal ».

  La législation française suit logiquement l’avis de l’ordre des vétérinaires : en vertu de l’article 521 1 du code pénal, la corrida est interdite dans notre pays.  *  *     *  Plusieurs départements français bénéficient pourtant encore aujourd’hui d’une exception à la loi, au nom d’une « tradition locale ininterrompue ». Dans le Gard, les Pyrénées Atlantiques ou les Bouches du Rhône est donc admis ce qui est considéré comme une barbarie répréhensible dans la Sarthe ou dans les Vosges. Dans les départements dits « taurins », les sévices et actes de cruauté sur les taureaux ne sont pas niés, ils ne sont simplement pas condamnés.  La justification d’un tel dispositif au nom d’une « tradition locale ininterrompue » est factice. La corrida n’est en rien une tradition française, mais espagnole. Elle n’est arrivée en France qu’en 1853, pour faire plaisir à Eugénie de Montijo, l’épouse andalouse de Napoléon III. Et elle n’a d’ailleurs bénéficié d’une exception aux peines prévues pour les actes de cruauté qu’en 1951. De plus, cette corrida espagnole ne peut se prévaloir d’appartenir au patrimoine culturel immatériel de la France, ce qu’a confirmé le Conseil d’État en 2016, appuyant la décision de la cour administrative de Paris prise un an plus tôt.  Par ailleurs, ce « spectacle » qui bénéficie de fonds européens, par le biais de la Politique agricole commune (PAC), et de subventions locales, soulève l’opposition et l’indignation d’une immense majorité de Françaises et Français. D’après un sondage Ifop de février 2022, 87 % des personnes interrogées se déclarent favorables à ce que tout acte de cruauté volontaire ayant entraîné la mort d’un animal soit puni, sans exception pour les corridas. En 2017 un autre sondage Ifop avait montré que, dans les départements où les corridas sont autorisées, 75 % des habitantes et habitants sont opposés aux corridas avec pique, banderille et mise à mort.

Le Chili, l’Argentine, Cuba et l’Uruguay ont fait le choix d’interdire les corridas et Mexico vient de les suspendre à son tour. En Europe, le Danemark, l’Italie et le Royaume Uni ont formellement interdit cette pratique, tout comme la Catalogne. Les Françaises et Français expriment très fortement le souhait que notre pays suive l’exemple. En tant qu’élu(e)s de la Nation, il nous revient d’agir dans l’intérêt général, en tenant compte de l’attente sociétale. Nous avons le devoir de suivre le sens de l’Histoire et d’abolir les corridas. Cette proposition de loi vise donc à interdire les corridas, sans affecter les autres activités taurines.  En affirmant solennellement que la torture et la mort d’un animal ne peuvent légalement constituer un divertissement digne de l’éthique contemporaine, nous ferons un pas historique en faveur des droits des animaux et par là même en faveur de notre humanité.

  L’article unique prévoit l’abolition de la corrida sur tout le territoire français.  proposition de loi  Article unique   Le code pénal est ainsi modifié :   1° Au onzième alinéa de l’article 521 1, les mots « aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables » sont supprimés ;   2° Au second alinéa de l’article 522 1, les mots « aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Il n’est pas non plus applicable » sont supprimés. 

Description : LOGO N° 252 _____ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 SEIZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 20 septembre 2022. PROPOSITION DE LOI visant à l’abolition de la corrida (Renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.), présentée par Mesdames et Messieurs Aymeric CARON, Anne STAMBACH‑TERRENOIR, Bastien LACHAUD, Nadège ABOMANGOLI, Laurent ALEXANDRE, Gabriel AMARD, Ségolène AMIOT, Farida AMRANI, Rodrigo ARENAS, Christine ARRIGHI, Clémentine AUTAIN, Julien BAYOU, Lisa BELLUCO, Karim BEN CHEIKH, Ugo BERNALICIS, Christophe BEX, Carlos Martens BILONGO, Manuel BOMPARD, Idir BOUMERTIT, Louis BOYARD, Guy BRICOUT, Sylvain CARRIÈRE, Cyrielle CHATELAIN, Florian CHAUCHE, Sophia CHIKIROU, Hadrien CLOUET, Éric COQUEREL, Alexis CORBIÈRE, Jean‑François COULOMME, Catherine COUTURIER, Hendrik DAVI, Sébastien DELOGU, Alma DUFOUR, Karen ERODI, Martine ETIENNE, Emmanuel FERNANDES, Sylvie FERRER, Caroline FIAT, Charles FOURNIER, Perceval GAILLARD, Marie-Charlotte GARIN, Raquel GARRIDO, Clémence GUETTÉ, David GUIRAUD, Mathilde HIGNET, Hubert JULIEN‑LAFERRIÈRE, Rachel KEKE, Andy KERBRAT, Julie LAERNOES, Maxime LAISNEY, Arnaud LE GALL, Antoine LÉAUMENT, Élise LEBOUCHER, Charlotte LEDUC, Jérôme LEGAVRE, Sarah LEGRAIN, Murielle LEPVRAUD, Benjamin LUCAS, Élisa MARTIN, Pascale MARTIN, William MARTINET, Frédéric MATHIEU, Damien MAUDET, Marianne MAXIMI, Manon MEUNIER, Jean‑Philippe NILOR, Danièle OBONO, Nathalie OZIOL, Mathilde PANOT, Francesca PASQUINI, Sébastien PEYTAVIE, François PIQUEMAL, Marie POCHON, Thomas PORTES, Loïc PRUD’HOMME, Adrien QUATENNENS, Jean‑Hugues RATENON, Jean-Claude RAUX, Sandra REGOL, Sébastien ROME, Sandrine ROUSSEAU, François RUFFIN, Aurélien SAINTOUL, Michel SALA, Eva SAS, Sabrina SEBAIHI, Danielle SIMONNET, Ersilia SOUDAIS, Sophie TAILLÉ‑POLIAN, Bénédicte TAURINE, Andrée TAURINYA, Matthias TAVEL, Nicolas THIERRY, Aurélie TROUVÉ, Paul VANNIER, Léo WALTER,   députés.

– 1 – EXPOSÉ DES MOTIFS Mesdames, Messieurs, « Sentir le sable Sous ma tête, c’est fou comme ça peut faire du bien J’ai prié pour que tout s’arrête Andalousie, je me souviens Je les entends rire comme je râle et je les vois Danser comme je succombe Je pensais pas qu’on puisse autant S’amuser autour d’une tombe Est‑ce que ce monde est sérieux ? » Francis Cabrel, La corrida, 1994

Mesdames, Messieurs, « La corrida davantage qu’un spectacle est un art » estimaient en 2019 quarante personnalités françaises du monde de la culture, inquiètes de l’interdiction possible des corridas aux moins de 18 ans. L’argument est bien connu : l’arène serait un théâtre mettant en scène une lutte métaphorique, celle de la vie contre la mort. La corrida, un art ? Ceux qui l’affirment se fourvoient : il s’agit en réalité d’un acte sanglant, dont la finalité est la mort de taureaux préalablement torturés en public. A contrario, parmi les œuvres d’art, on compte la chanson de Francis Cabrel qui décrit l’incompréhension, la lutte et les souffrances d’un taureau qui vit ses derniers instants dans l’arène. « Je ne pensais pas qu’on puisse autant s’amuser autour d’une tombe », s’étonne‑t‑il avant d’expirer.

D’après l’article 521‑1 du code pénal, les sévices graves ou les actes de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, s’ils entraînent la mort de l’animal, sont punis de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Qui oserait soutenir que les traitements infligés à un taureau pendant une corrida n’entrent pas dans cette catégorie ? * Une corrida dure deux heures. Elle comprend six combats de vingt minutes chacun, opposant un taureau à trois matadors. Chacun des combats se déroule en trois phases appelées « tercios » Le premier tercio est celui des picadors, qui manient des piques destinées à sectionner ou cisailler les muscles releveurs de la tête du taureau.

L’animal souffre, évidemment, mais commence aussi à perdre tous ses repères, ce qui le rend d’autant plus vulnérable. Le deuxième tercio est celui des banderillos, qui manient des bâtons terminés par un harpon de 4 cm de long. Plantés dans la masse musculaire proéminente située à la base du cou du taureau, ils déclenchent des hémorragies internes accrues par les déplacements brusques et saccadés du taureau, stimulé par le jeu de cape du torero. Les nerfs sont eux aussi atteints, portant la douleur à son paroxysme.

Le troisième tercio est celui de la mise à mort qui commence par l’estocade, au cours de laquelle l’épée est plongée au niveau du sommet de l’omoplate droite pour atteindre la cage thoracique. Après l’estocade, le coup de grâce est donné par un poignard à lame courte et large, planté entre la base du crâne et le début de la colonne vertébrale pour détruire le cervelet et le début de la moelle épinière. Le temps imparti au torero (ou « matador ») pour tuer le taureau est d’un quart d’heure. S’il ne réussit pas à l’achever dans ce délai, l’animal est conduit au toril où il est abattu.

En trophées, le torero recevra les oreilles coupées, voire la queue du taureau massacré. Tout cela relève‑t‑il de l’art ou de la torture ? * L’ordre national des vétérinaires a tranché. En 2016 il affirmait : « Dans les spectacles taurins sanglants, la douleur infligée aux animaux n’est pas contestée. Dans la pratique de la corrida, c’est précisément cette douleur qui augmente les réactions défensives des animaux, leur stress psychologique et physique et donc leur agressivité. Elle conditionne ainsi le succès du spectacle.

La courte durée du spectacle (20 minutes) et la sélection d’animaux agressifs et génétiquement prédisposés à combattre paraissent une atténuation peu significative de l’intensité des souffrances physiques forcément ressenties par les animaux. Les spectacles taurins sanglants, entraînant, par des plaies profondes sciemment provoquées, des souffrances animales foncièrement évitables et conduisant à la mise à mort d’animaux tenus dans un espace clos et sans possibilité de fuite, dans le seul but d’un divertissement, ne sont aucunement compatibles avec le respect du bien‑être animal ».

La législation française suit logiquement l’avis de l’ordre des vétérinaires : en vertu de l’article 521‑1 du code pénal, la corrida est interdite dans notre pays. * Plusieurs départements français bénéficient pourtant encore aujourd’hui d’une exception à la loi, au nom d’une « tradition locale ininterrompue ». Dans le Gard, les Pyrénées Atlantiques ou les Bouches du Rhône est donc admis ce qui est considéré comme une barbarie répréhensible dans la Sarthe ou dans les Vosges.

Dans les départements dits « taurins », l’acte de cruauté sur les taureaux n’est pas nié, il n’est simplement pas condamné. La justification d’un tel dispositif au nom d’une « tradition locale ininterrompue » est factice. La corrida n’est en rien une tradition française, mais espagnole. Elle n’est arrivée en France qu’en 1853, pour faire plaisir à Eugénie de Montijo, l’épouse andalouse de Napoléon III. Et elle n’a d’ailleurs bénéficié d’une exception aux peines prévues pour les actes de cruauté qu’en 1951. De plus, cette corrida espagnole ne peut se prévaloir d’appartenir au patrimoine culturel immatériel de la France, ce qu’a confirmé le Conseil d’État en 2016, appuyant la décision de la cour administrative de Paris prise un an plus tôt.

Par ailleurs, ce « spectacle » qui bénéficie de fonds européens, par le biais de la Politique agricole commune (PAC), et de subventions locales, soulève l’opposition et l’indignation d’une majorité de Français et Françaises. D’après un sondage Ifop de février 2022, 87 % des Français et Françaises se déclarent favorables à ce que tout acte de cruauté volontaire ayant entraîné la mort d’un animal soit puni, sans exception pour les corridas. En 2017, un autre sondage Ifop avait montré que 75 % des habitants et habitantes des départements où sont autorisées les corridas sont opposés aux corridas avec pique, banderille et mise à mort.

Le Chili, l’Argentine, Cuba et l’Uruguay ont fait le choix d’interdire les corridas. En Europe, le Danemark, l’Italie et le Royaume‑Uni ont formellement interdit cette pratique, tout comme la Catalogne. Les Français et Françaises expriment très fortement le souhait que notre pays suive l’exemple. En tant qu’élu.e.s de la Nation, il nous revient d’agir dans l’intérêt général, en tenant compte de l’attente sociétale. Nous avons le devoir de suivre le sens de l’Histoire et d’abolir les corridas.

Cette proposition de loi vise donc à interdire les corridas, sans affecter les autres activités taurines. En affirmant solennellement que la torture et la mort d’un animal ne peuvent légalement constituer un divertissement digne de l’éthique contemporaine, nous ferons un pas historique en faveur des droits des animaux et par là‑même en faveur de notre humanité.

L’article unique prévoit l’abolition de la corrida sur tout le territoire français.

                                                                                    Proposition de loi

                                                                                       Article unique

Le titre II du livre V du code pénal est ainsi modifié :

1° Au onzième alinéa de l’article 521‑1, les mots : « aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables » sont supprimés ;

2° Au second alinéa de l’article 522‑1, les mots : « aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Il n’est pas non plus applicable » sont supprimés.

Par une nouvelle PPL, n° 635, le récidiviste député Caron, soutenu par ses collègues dont les noms sont mentionnés ci-dessous,  tente une nouvelle fois de faire abolir la corrida avec pour conséquences directes l'élimination de la quasi totalité de l'espèce taurine, l'atteinte au droit démocratique des cultures minoritaires, une très probable fronde non maîtrisable et durable d'une partie du Sud du pays contre le Nord en réaction à cette provocation,  une grave atteinte significative à l'économie locale et aux centaines d'emplois qui en dépendent, le gâchis d'immenses pâturages naturel, par la rupture d'équilibre de zones à vocation écologique depuis toujours.

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